Ici, le terme « technologie » fait référence aux apparails informatiques tels que les téléphones portables, les tablettes, les ordinateurs dont nous nous servons pour executer des tâches diverses au quotidien. Nous employons ce terme, comme pour jeter un regard neuf mais inquisiteur sur les possibilités illimitées que nous offrent ces gadgets de l’informatique, dont nous ne nous rendons pas toujours compte.
Dans un contexte de sous-développement qui relaie Haïti au rang des pays les plus pauvres de la planète, il importe de comparer les indices de développement humain au mode de vie réel des différentes couches de la société haïtienne, quand on considère que la grande majorité de la population possède au moins un téléphone intelligent pour son usage personnel (et non professionnel…) de tous les jours. En plein 21e siècle, la technologie, ainsi décrite, fait partie intégrale et intégrante de nos échanges et nos modes de fonctionnement. Nos filles et nos fils ne peuvent pas toujours jouir d’une ration alimentaire saine pour rester en bonne santé, ils n’ont pas de quoi s’offrir des vêtements de qualité puisqu’ils ne travaillent pas, ni ne moissonnent. Or, nos filles et nos fils possèdent tous un Smartphone, souvent le dernier cri, et c’est à se demander d’une part, comment ils se les ont procurés, mais aussi de l’autre, la plus pertinente, quel usage ils en font réellement?
Nous rendons-nous vraiment compte de la puissance qui est imbriquée dans les gadgets de nos jours? Les montres ne sont plus ce qu’elles étaient d’il y a cinq ans de cela. Elles ne font plus que donner l’heure. Aujourd’hui, nos montres embarquent des technologies qui les rendent plus performantes et plus robustes, au point qu’elles en viennent même à segonder nos médecins (puisqu’elles prennent notre poul et calculent aisément notre tension artérielle – les battements de notre coeur); ils segondent aussi notre coach sportif (elles peuvent ainsi determiner la vitesse et les distances parcourues à pied, quand on saute, quand on marche au ralenti, etc.). Autant de possibilités dont nous ne nous rendons même pas compte.
À juste titre, toujours dans ce contexte de pays sous-développé d’où Haïti tire sa renommée, nous pointons du doigt nos jeunes d’horizons divers, d’études classiques ou universitaires, diplômés ou licenciés, pour qui la technologie se résume à faire possession du dernier né d’Apple (l’iPhone 12 Pro Max), de Samsung (le Galaxy A21 Pro), ou du dernier jet des fournisseurs d’Internet haut-débit pour se noyer finalement dans les séries de Youtube ou de Netflix. Sous un regard plus que objectif, cet Edito ne porte guère sur le jugement ou l’interpellation des choix fastidieux de nos frères et soeurs, sachant que chacun est totalement libre de consacrer son temps aux loisirs de son bon plaisir. Mais, nous cherchons à appréhender ces deux paradoxes dans un pays aussi pauvre que le nôtre : pourquoi les jeunes possèdent des appreils si onéreux alors qu’ils n’ont même pas de quoi se nourrir / se vêtir convenablement au quotidien? Et aussi, comment tirer un meilleur profit des ces appareils qui répondent à des besoins de plus en plus vitaux?
Si nous ne comprenons pas encore ce qu’impliquent ces deux paradoxes, il devient urgent de se pencher sur l’usage réel de la technologie en Haïti, car si la réponse de l’un (paradoxe) pourrait nous amener à endiguer le phénomène du sous-développement de notre cher Haïti (dans la mesure où les jeunes utiseraient les appareils informatiques pour créer de la richesse), l’autre nous permetterait de gagner en productivité, en compétitivité et de jouir d’une vie plus saine et équilibrée.